Et si l’élevage sauvait la planète ?
Depuis plusieurs années, l’élevage fait l’objet de nombreuses critiques de la part de différents groupes de pression qui sont aujourd’hui très médiatisés.
Parmi ceux-ci, le mouvement Végan multiplie les actions destinées à convaincre les gens de ne plus consommer de produit d’origine animale. D’inspiration philosophique (l’antispécisme), l’idéologie Végan utilise beaucoup, pour se propager, des vidéos très choquantes de maltraitances mais également des arguments écologiques : bilan carbone, gaspillage des ressources, etc. Tout est mis en œuvre pour associer élevage à pollution et maladie, et végétal à bien-être et écologie. Ces argumentaires, essentiellement à charge contre l’élevage, reposent le plus souvent sur une analyse simpliste, sans discernement. Ils omettent la plupart du temps complètement les nombreux intérêts que certains types d’élevage apportent et éludent souvent les règles de base de l’agronomie et de l’écologie.
Bilan carbone de l'élevage ?
Un des arguments des vegans est : arrêtons de manger de la viande pour sauver la planète. L’élevage émettrait plus de gaz à effet de serre que le transport (14.5% contre 14%).
Comme le montre le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), l’élevage ne représente que 5 % des gaz à effet de serre car dans les calculs il faut intégrer la notion de stockage de carbone dans les sols.
L’INRA estime que si l’on augmentait les taux de matières organiques des sols (donc de carbone) de 0,4% par an on stopperait l'augmentation de CO2 de l’atmosphère. Et les sols les mieux pourvus en matière organique sont de très loin les prairies et les sols fertilisés avec des composts et fumiers issus de l’élevage.
Gaspillage des ressources à cause de l'élevage ?
Nous entendons souvent qu’il faut 15.000 litres d’eau pour produire 1 kg de viande ! C’est vrai... si l’on compte la pluie qui tombe sur les prairies. Mais contrairement à beaucoup de productions végétales irriguées, cette gestion de l’eau ne pose pas de problème écologique.
De même qu’il est souvent dit qu’il faut 6 à 7 calories végétales pour produire 1 calorie animale. Cette affirmation est juste mais elle élude la qualité nutritionnelle et la teneur en protéines. Elle ne concerne que l’élevage industriel. On oublie de dire qu’une vache peut manger de l’herbe. Dans le monde, les animaux mangent surtout des coproduits et des résidus de récolte. En effet, 80% de ce que consomment les animaux dans le monde n’est pas consommable par l’homme.
En fait, les animaux valorisent des surfaces en prairie qui pour des questions agronomiques ne seraient pas cultivables : pentes excessives, altitude, climat ou caractéristiques pédologiques.
Selon la FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations) plus des deux tiers des sols destinés à l’agriculture sont des zones herbeuses et dans de nombreuses régions la seule activité agricole possible est l’élevage de ruminants.
Conserver des prairies : un enjeu écologique majeur
Les prairies stockent du carbone (une prairie stocke de 500 à 1000 kg de CO2 par an et par hectare et 1,3 tonnes si elle est en agroforesterie).
Elles permettent de conserver à des fins de production agricole des sols fragiles. L’érosion est divisée par 20 sous couvert de prairie.
Elles sont le moyen de prévenir les incendies et elles jouent un rôle important dans la préservation de la biodiversité.
L’agriculture biologique repose sur le principe de la polyculture élevage. On cultive des prairies temporaires à base de légumineuses, qui nourrissent les ruminants et qui ont aussi pour objectif d’enrichir les sols. C’est la décomposition de cette matière organique qui permet ensuite de cultiver des plantes annuelles destinées à l’alimentation humaine.
La période de prairie dans la rotation est essentielle pour diminuer la pression des mauvaises herbes.
Si on enlève les vaches, ce n’est plus une prairie mais une jachère et le véritable gaspillage est là car une partie de l’assolement ne produit plus d’alimentation pour l’homme.
Il n’y a pas concurrence avec l’alimentation humaine mais une complémentarité et une interaction entre cultures et élevage. Par exemple, avant l’arrivée de la chimie les vergers étaient désherbés par les moutons ou les vaches !
Une agriculture sans élevage devient complètement dépendante des énergies fossiles pour la fertilisation. Sans le vouloir le mouvement Végan milite pour une agriculture beaucoup plus chimique.
On ne peut pas concevoir l’agriculture biologique sans élevage. C’est l’arrivée de la chimie qui a permis aux paysans de ne plus avoir d’élevage. Elle a provoqué une spécialisation des fermes avec des régions d’élevage et des régions céréalières qui sont autant polluées. Cette spécialisation s’est accompagnée d’une forte industrialisation et ses formes les plus extrêmes en élevage choquent à juste titre. C’est effectivement une aberration de nourrir des vaches avec du soja produit en détruisant la forêt tropicale.
Il est important de se poser la question de qui protège réellement les animaux et les paysages ??
Pour nous il était important de vous faire partager toutes ces réflexions !
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